samedi 16 juin 2007

C'EST LA FIN

Ben oui, c’est bizarre, hein. Je me suis levé un peu orphelin, ce matin. Orphelin de cette campagne. En ouvrant les journaux, pas de sondages pour me dire qui va gagner les élections. Pas de discours pour nous convaincre de voter pour un tel ou un tel. La pression est tombée tout d’un coup. Oh bien sûr, on n’a pas toujours été sympa avec elle, on a dit qu’elle était molle, qu’elle était creuse, sans intérêt. Puis ensuite, après une ou l’autre inculpation en pays noir, on l’a dite violente, bas du front et en dessous de la ceinture… Mais qu’est-ce que vous voulez, on s’attache. On s’était habitué à ces affiches dans les rues qui donnaient un peu de couleur à notre quotidien… Bon toujours les mêmes. Mais, c’était déjà ça. Fini, le bréviaire des gros mots et des noms d’oiseaux récités par quelques grands prêtres de l’invective politique. Hier, la grand-messe des élections, celle qui passe par l’isoloir et le bulletin de vote, a signé le certificat de décès de la campagne. Hier soir, chaque discours de président de parti m’est apparu comme une oraison funèbre. Une pelletée de terre jetée sur le cercueil de cette pauvre campagne dont le corps meurtri était encore tiède. Quelle tristesse. Quelle tristesse… Je voudrais bien revenir en arrière, revenir à dimanche matin. Au moment d’aller voter. Je descendais ma rue qui mène au bureau de vote lové dans la salle de gymnastique de l’école. On se serait cru un samedi, tellement, y avait de l’animation. Tout le monde se souriait, accomplissant son devoir de citoyens responsables. Et puis je suis rentré dans l’isoloir. J’ai coché les cases adéquates. Puis j’ai introduit mes bulletins de vote dans les urnes… Et là au moment où j’ai vu les deux bouts de papier disparaître dans les boîtes en bois, c’est là que je me suis rendu compte de l’horreur…Que je venais moi-même de condamner ma campagne, ma chère campagne… Cela-dit, cela-dit… Maintenant, débute une autre campagne. Bien sûr on n’aura plus notre mot à dire. Voilà la campagne pour la constitution du gouvernement. Bien sûr, ici ce n’est plus Amélie Poulain. Ce sera plus musclé. Avec Yves « les gros bras ». Didier « l’arrogant ». Elio « l’optimiste ». Jean-Michel et Isabelle « les outsiders » et Joëlle « celle à qui on ne la fait pas ». De l’action. De la violence. De la traîtrise. Des amours déçus. Des unions contre nature. Des démineurs. Des coups bas et des balles perdues… Non, finalement, je reprends espoir. Le mot « fin » qui a clôturé mon idylle avec cette campagne sur l’écran du 10 juin, n’était finalement que l’épilogue d’une passion plus virile qui va chasser mes idées noires et me faire oublier cette campagne disparue… Et pour l’occasion, il paraît qu’il y aura du suspens, du sang et des larmes… j’en ai déjà des frissons dans le dos….

dimanche 10 juin 2007

DERNIERES CONSIGNES

C'est parti, les premiers électeurs sont rentrés dans les urnes. Des premiers choix se sont déjà exprimés. D'autres attendent et certains en profitent encore tenter d'influencer le citoyen. Dans les journaux de ce dimanche, quelques candidats s'expriment. A la une de "7 dimanche" (l'édition de Namur), la majorité actuelle s'exprime avec force. Pour le MR, Sabine Laruelle et Richard Fournaux rappellent qu'Ensemble, le meilleur est avenir. La PS Valerie Déom, elle, nous lance un ordre ("Aujourd'hui faites bouger les choses") tandis que sa colistière, Eliane Tillieux, affirme qu'elle sera de toutes ses forces à nos côtés. Dans les pages du journal, les cdH Maxime Prévot et Vanessa Matz, nous signalent que c'est l'heure "H". Hum, peut-être... Mais c'est aussi la minute "M" pour MR et la seconde "S" pour le PS. Quoiqu'il en soit, c'est "Maintenant!" clament les Ecolos Emily Hoyos et Georges Gilkinet. A propos, question mot d'ordre, la "Fédération des préretraités et retraités" s'offre un relais dans la rubrique "Que du Bonheur" signée par André Gilain dans la DH. Le président de la FPR a envoyé un courrier pour inviter ses adhérents à ne pas voter cdH, c'est que dans le programme orangé, Louis Noël a repéré cette petite phrase: "Il faut favoriser la suppression de la cotisation de solidarité dans les limites des moyens disponibles"... Limites, limites... Ce mot indigne le président qui se fend d'une explication où il souligne que le pays compte "60 ministres, des cabinets supeuplés et des provinces très coûteuses"... Conclusion d'andré Gilain: "Un peu démago, mais bon...".

samedi 9 juin 2007

VERS L'AVENIR J-1

"Et si on était pas obligé d'aller voter dimanche?". Question posée par Vers l'Avenir, ce matin. Eh bien, 32,8% n'iraient pas dans l'isoloir. La Libre a fait le même exercice, ce matin, et arrive à un taux de "non-vote" évalué à 34,7%. Bref, en gros, un Wallon sur trois n'irait pas voter. Très significatif, dans le Hainaut, le pourcentage est nettement plus élevé, 41,7%... Marc Dumoulin, administrateur-délégué de Dedicated-Research (auteur de l'enquête de VA) estime qu'il faut voir là "un écoeurement qui s'exprime. C'est la traduction d'un "à quoi ça sert,". A Namur, une autre ville concernée par les affaires du PS, on a un taux d'abstention de 31%. Mais c'est une région où on a donné l'impression que c'était réglé. Dans le Hainaut, c'est tous les jours que des rebondissements interviennent". Enfin notons que dans tous les journaux, ce matin, Joëlle Milquet a fait le forcing, elle s'est offert la troisième page de tous les quotidiens, "Demain, c'est l'heure H" peut-on lire sur sa publicité politique... On verra le verdict des urnes... Dans Vers l'avenir, le rédacteur en chef, Pascal Belpaire dispense toutefois un dernier conseil, un seul, aux électeurs: "Fuyez les candidats fantômes qui, sous les bannières de l'extrême droite, ne feront jamais avancer notre société. L'éventail est assez large et varié pour que vous puissiez miser sur l'une des forces démocratiques". A bon électeur, salut!

DH J-1

Grand Jour dimanche, c'est la fête des pères. La Dernière Heure ne l'oublie pas. Et Dubus non plus qui croque Van Cau & fils. Jean-Claude s'extasie: "Une inculpation! Merci mon fils. Je suis fier de toi". Pour Christian Carpentier, le scrutin sera très ouvert et c'est tant mieux. "Le poids de l'électeur s'en sort renforcé, pour valider ou rejeter les espoirs de coalition des un et des autres. C'est tout de même beau, non, la démocratie?". Christian Carpentier refait aussi le tour des People de la campagne... Anne Delvaux, Florence Reuter, Claude Lelièvre, Ulla Werbrouck, Christel Deliège, jolie pagaille de célébrités qui vont du tube cathodique au tatami en passant par les droits des enfants. Ah oui, il y a aussi Rudy Verhoeven... Rudy qui? Rudy le chef scouts flamand qui est au CD&V que ce que Sylvie Roberti est au Cdh, le youkaïdi youkaïda de service. "Des feux de camp au Sénat, avec un joli Stewball, entonné à la guitare?... Hum, oui, pardon, on anticipe un peu..." conclut le journaliste de la DH.

SUD PRESSE J-1

Lismonde dans les journaux du groupe Sud-Presse a sa vision très personnelle du scrutin. Un duel. Au pistolet. Didier et Elio sont dos à dos, l'arme dressée vers le ciel, le rictus méchant et les yeux inquiétants. A l'arrière plan, les témoins de ce drame sont Joëlle et Jean-Michel, tous deux prennent soin du haut-de-forme et de la gabardine des deux adversaires. Et le tourisme dans tout ça? Ben oui, le tourisme. Cela ne fait pas son affaire, les élections. "Il sort perdant" affirment les journaux du groupe Sud Presse. A la côte, les hôtels ne feront pas recette. Et les Grottes de Han, n'en parlons pas: "Les élections belges coïncident avec les élections françaises. Or nous avons énormément de touristes qui viennent du Nord de l'Hexagone". Alain Bertrand, propriétaire de gîtes à Bouillon fait le même constat, mais avec le sourire: "Nous n'aurons personne (...) Tout le monde ne peut pas se trouver des excuses pour ne pas aller voter". Justement, "Pour qui voter?" se demande Sébastien Ponciau. "Soyons fous" écrit le journaliste "Votons pour le candidat cerné, qui passe des nuits blanches dès qu'il consulte les stats du chômage, qui pleure seul devant sa télé quand des enfants sont enlevés, qui s'excuse quand ses promesses ne sont pas tenues, qui connaît le prix d'un ticket de métro, qui parfois porte des opinions autres que celles de son parti, qui admet qu'il n'y a pas tant de raisons d'avoir peur, qui... Cherchez bien, il doit y en avoir..."

LA LIBRE J-1

"Ouf, ça y est, on vote dimanche". Un cri de soulagement dans La Libre Belgique qui offre une "une" composée d'une série de noms que l'on retrouvera sur les listes demain. Vient se superposer ce rond citoyen qui troue une case noire et qui nous attend aussi, demain, dans l'isoloir. La Libre en profite pour sonder "le sentiment politique des Belges". "Quel premier ministre souhaiteriez-vous voir diriger la Belgique?" C'est Guy Verhofstadt qui arrive en tête avec 31,18%, Yves Leterme suit avec 17,58%, Elio Di Rupo complète le trio de tête avec 6,95%. "Piquant" note La Libre, Guy est un chouïa plus populaire en Belgique Francophone. Tous pourris? Bof, 61,2% des sondés font confiance aux femmes et aux hommes politiques. Cela dit, en y regardant de plus près, on s'aperçoit que les francophones sont plus sceptiques. Là, seuls 40% accordent leur confiance, il faut voir là sans doute l'effet néfaste du carolo-syndrome. Ah, Charleroi! Dans son édito, Michel Konen se veut lyrique à son propos: "Charleroi, ville phare du règne sans partage du socialisme archaïque, véritable dictionnaire de la mal-gouvernance, Mecque du clientélisme, sinistrée industriellement et socialement, Charleroi est devenu le chancre politique du pays". Le rédacteur en chef de La Libre devrait vite déposer un copyright sur cette ode à Charleroi avant qu'il ne se la fasse piquer par un bleu liégeois.

LE SOIR J-1

Le journal "Le Soir" fourmille de néologismes, ce matin, comme un bois du Limbourg assailli par un convoi de chenilles processionnaires. "Dirupiste Eliophile", "humaniste milquettien", "libéral chamalow", "anarcho-àquoiboniste" etc. Le Soir tente à travers ce bestiaire méthodique de répondre à la question: "A quelle tribu électorale appartenez-vous?". Le tout agrémenté d'une jolie fresque carica-miniature de Max Tilgenkamp où l'on retrouve avec plaisir quelques visages bien connu s'adonner à des plaisirs méconnus. On aime: le tricératops à tête de Van Cau, le Maingain chasseur de lions, les jumeaux bleus franco-belges Nicolas et Didier serrés dans leur voiture sous une pluie de confettis. Plus sérieusement, Béatrice Delvaux relève ce matin que si le CD&V gagne l'élection dimanche, le risque existe que l'agenda communautaire prenne le pas sur les préoccupations prioritaires à savoir; moderniser l'appareil économique et environnemental, garantir le bien-être et assurer le vivre ensemble. Moins sérieusement, Kroll se pose une question essentielle dans son dessin du jour: "Est-ce qu'ils peuvent inculper le dimanche?".